« Manger sainement semble déjà assez difficile. Les régimes végétaliens et végétariens ne font que compliquer les choses », explique Inge Coene, de NICE. « Il n’est pas possible de simplement remplacer les produits alimentaires à l’identique. » Des directives nutritionnelles pour les substituts végétaux, comme aux Pays-Bas, sont nécessaires.

Selon le Conseil supérieur de la santé, lorsque les choix alimentaires sont restreints par un régime strictement végétal, l’organisme court davantage le risque de subir des carences totales ou partielles de différents nutriments importants, et notamment d’acides aminés essentiels (éléments constitutifs indispensables pour les tissus et les muscles), de certains acides gras oméga-3, de minéraux et d’oligo-éléments tels que le calcium, le fer, le zinc et l’iode et/ou de vitamines telles que les vitamines B12 et D. « Plus le nombre de produits supprimés de l’alimentation est important, plus il devient difficile d’absorber tous les nutriments nécessaires en quantités suffisantes. Le consommateur tend alors à se tourner vers des compléments alimentaires, qui ont eux aussi leurs limites », explique Inge Coene, nutritionniste au Nutrition Information Center (NICE). Depuis 1992, ce centre d’informations nutritionnelles, en collaboration avec divers experts, fournit des informations scientifiquement étayées sur les aspects nutritionnels et sanitaires des produits issus de l’agriculture, de l’horticulture et de la pêche de chez nous, et interprète les tendances actuelles et les perspectives en matière de nutrition et de santé.

Matrice alimentaire

« Les compléments alimentaires peuvent être nécessaires et utiles, mais ils ne peuvent pas remplacer une alimentation saine ni tout simplement compenser une alimentation trop restrictive », poursuit Madame Coene.

La nutrition est plus que la simple somme de nutriments. L’interaction entre les composants alimentaires ainsi que la forme physique et chimique sous laquelle les nutriments se présentent (la matrice alimentaire) jouent également un rôle et déterminent, au final, la biodisponibilité des nutriments et les effets d’un aliment sur la santé. Les nutriments absorbés sous la forme de compléments alimentaires peuvent donc avoir des effets différents de ceux puisés dans l’alimentation.  Chaque aliment contribue à sa manière à une alimentation saine. Cela se reflète bien dans la pyramide alimentaire et dans les “Food Based Dietary Guidelines” du Conseil supérieur de la santé », explique la nutritionniste.

Produits de substitution

De même, les aliments d’origine animale ne peuvent pas être remplacés à l’identique par des produits végétaux, tout simplement parce que leur composition est très différente. À titre d’exemple, Madame Coene cite les produits végétaux destinés à remplacer les produits laitiers, mais il en va de même pour la gamme croissante des substituts de viande.

L’offre de boissons végétales est très large. Elles ont tout à fait l’apparence du lait, mais leur composition peut s’en écarter fortement. Seules les boissons à base de soja enrichies en calcium et en vitamines peuvent remplacer un verre de lait sur le plan nutritionnel. Du calcium et des vitamines sont généralement aussi ajoutés aux substituts à base d’avoine, de riz ou d’amandes, par exemple, mais ceux-ci ne fournissent pas suffisamment de protéines. Les produits laitiers sont une source importante de protéines de haute qualité. « Si vous remplacez systématiquement les produits laitiers par des boissons à l’avoine, par exemple, il est possible que vous consommiez suffisamment de calcium. Mais vous n’absorberez pas de protéines », pointe la nutritionniste. « Si le consommateur en est conscient et qu’il puise une quantité suffisante de protéines ailleurs, ce n’est pas forcément un problème. Mais si vous positionnez des produits comme des substituts de lait, vous risquez que les consommateurs ne fassent pas le bon choix et que cela débouche sur des carences à terme. Les consommateurs se laissent plus facilement guider par le goût, l’aspect et la facilité d’utilisation que par les mentions qui figurent sur l’étiquette. Nous devons en être conscients. » 

Des lignes directrices pour les substituts

Aux Pays-Bas, le Centre de nutrition a publié des lignes directrices claires concernant la composition de substituts végétaux appropriés sur le plan nutritionnel. Les boissons végétales utilisées en remplacement du lait doivent contenir au moins 20 % d’énergie sous la forme de protéines, 0,24 microgramme de vitamine B12 et 80 mg de calcium pour 100 ml. En outre, elles doivent afficher un maximum de 1,1 g de graisses saturées, 6 g de sucre et 0,15 g de sel pour 100 ml. « Des critères circulent également en Belgique, mais ils ne sont pas encore harmonisés, ni officiels. » Madame Coene est en faveur de critères clairs, mais elle insiste néanmoins sur la nécessité d’avoir une alimentation saine et variée.

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